Voici de quoi
rendre blanc le noir, beau le laid, juste le faux,
noble le vil, jeune le vieux, vaillant le lâche
Ces semaines où on se dit :
« je suis monté dans un train, qu'importe la destination, on finira bien par arriver... »
en écoutant King Night de Salem...
Mercredi soir, grippe, relache et baby sitting. Je me concentrais à faire disparaître des pates dans la bouche de ma nièce de 4 ans, lorsqu'elle me dit :
- Bin moi, au jardin Picou, mon prince y s'appelle Timon.
- Ah ouais ? dis-je en la regardant de biais, constatant les conséquences de Tchernobyl et de la mutation de son code génétique. « Cet enfant est télépathe ». Faut il croire au coincidences ? La veille, je venais de réserver deux places pour Timon d'Athènes.
Avant,
le mot Timon ne m'évoquait rien,
même si à bien y réfléchir,
les mots
« Gouvernail » et « Mao Ze Dong »
auraient du s'afficher en bas à droite de l'écran.
Bref, histoire de prolonger cette semaine très « Casey », en vraie obsessionnelle, je suis aller la voir sur les planches. Au programme, la langue de Shakespeare servie sur le plateau de la maison des Métallos par des artistes talentueux, Denis Lavant [totalement foutraque], D' de Kabal, Marie Payen, Mike Ladd [slammeur americain proche de Saul Willimas] et Casey,
très classe (pieds nus, en jean et cuir).
Tous aux prises avec une des « pièces à problèmes » de Shakespeare : Timon d'Athènes, l'histoire d'un homme, qui perdant son argent en perd ses amis et découvre tous les ressorts de la haine des hommes. D'Athènes, Timon devient misanthrope.
La pièce est censée être tragique, mais la mise en scène lui confère une dimension quasi burlesque. Sur les rythmes de Doctor L, jetant au ciel chaussures, chemises, bijoux, les vieux amis de Timon s'agitent et se dedient de pouvoir l'aider, s'habillent et se déshabillent, tandis que Denis Lavant en maitre de cérémonie très lynchien (Version Twin Peaks) constate et déverse son exécration sur le genre humain. Le sol se couvre des oripeaux des lâches profiteurs de sa fortune. Les masques tombent. Lorsqu'enfin on vient le rechercher, la mort est son seul horizon
Ne revenez jamais. Dites bien à Athènes
Que Timon s’est construit sa demeure éternelle
Sur la plage, en bordure de l’étendue salée,
Où chaque jour verra la houle turbulente
La couvrir de sa bave d’écume. Venez-y.
Que la pierre du tombeau soit pour vous un oracle !