Le vrai voyageur n'a pas de plan établi et n'a pas l'intention d'arriver...

10.3.11

The Quirk

Pendant la préparation du G20, la Une du Wall Street Journal était fréquemment envahie [cela ne cesse de m'intriguer] de portraits de Christine Lagarde, en général pétrifiée ou se mordant l'ongle de l'index,


accompagnés de citations, tellement significatives, qu'elles devaient provoquer des orgasmes dans les milieux financiers américains.

French Finance Minister Christine Lagarde Says :

Euro Is Victim.
De qui ? de quoi ?   
C'est toujours un coup des chinois.

Franchement, toutes ces photos étranges accompagnées de commentaires insipides m'ont amenée à lire le Wall Street Journal en commençant par la fin. Résultat : Je suis devenue complètement accro d'une page intitulée « the quirk », en français 

« Excentricités »

Vous vous souvenez peut être de l'iguane Skippy, le lézard thérapeutique que JohnJohn voulait trimbaler partout avec lui, dans le bus, au pôle emploi, chez le boulanger. Cet article hallucinant décrivait comment certains américains achètent de faux certificats attestant du rôle curatif de leur animal, et des manteaux sur lesquels on peut lire « service animal » pour s'abroger le droit de trimballer leur animal de compagnie partout, comme les aveugles leur chien.
«we have a serious situation in America. »

Oui, les américains ont de vrais problèmes! Mais, tout ceci m'a aussi inspiré 2 interrogations :
(1) Pourquoi le WSJ publie-t-il ce genre d'article ?
(2) Quel angle d'attaque est privilégié pour alimenter cette page ?

La traduction de l'intitulé m'a fait croire dans un premier temps, qu'il s'agissait d'une espèce de fourre tout pour toutes sortes de sujets incasables, susceptibles de détendre les traders, analystes financiers et autres risk manager (1). C'est un peu le cas quand même.

Excentricités évoque immédiatement pour moi l'image d'êtres transgenres, un mélange de Marilyn Manson et de Judith Butler, ou je ne sais pas les frères Niestat et Matthew Barney, Tilda Swinton endormie au Musée, des grand mères roulant en décapotables et fumant des clopes. Je n'y étais pas du tout.... 


 
Cet intitulé est tout à fait mensonger. Il existe au WSJ quelqu'un, qui a réussit à convaincre le redac chef de repenser l'actualité à travers le prisme du genre animal. D'où l'article sur le bien nommé trappeur George Graves, qui n'a pas fait la guerre du Vietnam dans sa jeunesse, mais s'est engagé en Afghanistan en tant qu'exterminateur de vermines (sic)
Trapper George Graves kills varmints imperiling jet engines...
C'est un vrai problème ces rongeurs, Merde!
Ils rongent les câbles, urinent partout, 
un peu plus et ils prendraient la place du pilote.
Heureusement, George qui, tout petit,
traquait des rats à Wichita,
se rachète une conscience
comme liquidateur de géantes gerbilles.

Ensuite, il y a eu le problème des Snot Otters.
Il s'agit non pas de loutre de mer morveuse mais de salamandres.
Et cette idée de choisir un urodèle comme mascotte du Zoo de l'État de Caroline du Nord ?

Comment s'identifier à cet amphibien, qui ne sort jamais de sa tanière ?
C'est pire que Rubber!
En plus, sa gueule fait peur à tout le monde
et sa peau est toxique si vous la mangez.
Un accident est si vite arrivé !

Enfin, les problèmes de kangourous, un article sirupeux, sur les américains et la consommation de vin. On y apprend que boire du vin n'est pas simple aux Etats-Unis. 
Ce n'est pas simple 
Les spécialistes du marketing le confirment : il faut rassurer le consommateur sur son choix et quel meilleur symbole pour l'inciter à boire de la vinasse qu'un animal. Apparemment toute l'arche de Noé a défilé sur les étiquettes : des pingouins, des impalas, des cacatoès, des canards [des canards ?] et récemment des kangourous!

Sauf que  deux producteurs de vins australiens se disputent l'usage d'un dessin de kangourou sur leur bouteilles. Avocats, procès, tribunaux, argumentaires.
"C'est déjà assez difficile pour un consommateur de faire un choix,
alors n'y ajoutons pas de la confusion". 
C'est vrai ca! 
Oui mais, dans un cas, c'est un kangourou, dans l'autre, un wallaby !
Et l'on apprend que kangourou contre wallaby ne change pas grand chose au procès. Ce sont tous les 2 des marsupiaux et, argument imparable, 
"Si vous montrez un wallaby à 20 habitants de Sydney, 15 d'entre vous diront :
c'est un kangourou"
Mais, ca c'est un wallaby
Jamais, dans cet article, nous ne saurons la différence entre le wallaby et le kangourou. Il semblerait que ce soit juste une histoire de taille entre ces deux animaux à grands pieds. Alors sur l'étiquette...

6.3.11

Sur la plage, en bordure de l’étendue salée,...

Voici de quoi
rendre blanc le noir, beau le laid, juste le faux, 

noble le vil, jeune le vieux, vaillant le lâche

Ces semaines où on se dit :
« je suis monté dans un train, qu'importe la destination, on finira bien par arriver... »
en écoutant King Night de Salem...

Mercredi soir, grippe, relache et baby sitting. Je me concentrais à faire disparaître des pates dans la bouche de ma nièce de 4 ans, lorsqu'elle me dit : 

- Bin moi, au jardin Picou, mon prince y s'appelle Timon. 
- Ah ouais ? dis-je en la regardant de biais, constatant les conséquences de Tchernobyl et de la mutation de son code génétique. «  Cet enfant est télépathe  ». Faut il croire au coincidences ? La veille, je venais de réserver deux places pour Timon d'Athènes.

Avant,
le mot Timon ne m'évoquait rien,
même si à bien y réfléchir,
les mots
« Gouvernail » et « Mao Ze Dong »
auraient du s'afficher en bas à droite de l'écran.

Bref, histoire de prolonger cette semaine très « Casey », en vraie obsessionnelle, je suis aller la voir sur les planches. Au programme, la langue de Shakespeare servie sur le plateau de la maison des Métallos par des artistes talentueux, Denis Lavant [totalement foutraque], D' de Kabal, Marie Payen, Mike Ladd [slammeur americain proche de Saul Willimas] et Casey,
très classe (pieds nus, en jean et cuir).


Tous aux prises avec une des « pièces à problèmes » de Shakespeare : Timon d'Athènes, l'histoire d'un homme, qui perdant son argent en perd ses amis et découvre tous les ressorts de la haine des hommes. D'Athènes, Timon devient misanthrope.

La pièce est censée être tragique, mais la mise en scène lui confère une dimension quasi burlesque. Sur les rythmes de Doctor L, jetant au ciel chaussures, chemises, bijoux, les vieux amis de Timon s'agitent et se dedient de pouvoir l'aider, s'habillent et se déshabillent, tandis que Denis Lavant en maitre de cérémonie très lynchien (Version Twin Peaks) constate et déverse son exécration sur le genre humain. Le sol se couvre des oripeaux des lâches profiteurs de sa fortune. Les masques tombent. Lorsqu'enfin on vient le rechercher, la mort est son seul horizon

Ne revenez jamais. Dites bien à Athènes
Que Timon s’est construit sa demeure éternelle
Sur la plage, en bordure de l’étendue salée,
Où chaque jour verra la houle turbulente
La couvrir de sa bave d’écume. Venez-y.
Que la pierre du tombeau soit pour vous un oracle !